Étudiante en deuxième année d’école informatique, Héloïse est partie à la découverte de la République tchèque dans le cadre de son semestre Erasmus. De son université partenaire à ses voyages en Europe de l’Est, elle nous raconte aujourd’hui son expérience.
Alizée : Coucou Héloïse ! Je te remercie de bien vouloir prendre le temps de nous partager ton expérience Erasmus !
Héloïse : Mais c’est avec grand plaisir !
A : Pour commencer, est-ce que tu peux nous expliquer ton parcours scolaire, pour comprendre le contexte dans lequel tu as effectué cet échange à l’étranger ?
H : Oui, alors je suis en prépa intégrée d’une école en informatique (EPITA) et au cours de notre cursus, nous devons avoir une expérience à l’étranger ! Tout le monde est donc presque obligé de partir durant son quatrième semestre à l’école.
A : Comment est-ce que tu en es venue à choisir la République tchèque ? Est-ce que tu peux nous expliquer comment se déroulent les affectations à l’étranger dans ton école ?
H : Je ne suis jamais partie trop loin toute seule et il est vrai que lorsque l’on doit choisir un pays du monde, on se retrouve à « stéréotyper » ces pays voire les continents (enfin pour ma part). L’Asie et l’Amérique latine étaient des régions du monde culturellement trop différentes pour moi et l’Amérique du Nord et l’Océanie trop chères. Il restait l’Europe, c’est à côté et je savais qu’on pouvait être dépaysé sans être non plus très loin. Et je l’avoue, la bourse Erasmus était aussi un critère à prendre en compte puisque c’est une aide financière que l’on ne peut avoir qu’en faisant un échange en Europe!
Ensuite, notre choix se fait en fonction de ce que l’école nous propose (partenariats d’universités avec mon école), nous devons faire une liste des préférences (1er choix = 1er vœu). Je ne voulais pas aller dans les pays frontaliers (trop proches culturellement) mais m’éloigner vers des pays que je ne connaissais pas. La Russie n’étant malheureusement pas proposée, nous avons voulu, avec mon copain qui est dans le même cursus que moi, choisir des pays de l’Europe de l’Est.
Nous avons tous les deux postulés pour la Lituanie (Vilnius), réputée pour être un des meilleurs pays en informatique, pas cher et avec de très jolies villes. Malgré le fait que nous étions persuadés d’être pris dans ce pays (nous pensions que très peu de personnes postuleraient), lui a été pris et moi j’ai été assigné à un autre pays : le Canada.
Sur le coup, je ne m’y attendais vraiment mais alors vraiment pas. J’ai appelé la direction de mon école afin de savoir les raisons pour lesquelles je n’avais pas été prise en Lituanie, et leur dire que je ne voulais pas partir au Canada (c’était la partie francophone). Ils m’ont alors proposé une alternative : la République tchèque.
Ce n’était pas la belle capitale Prague mais une ville à 1h30 de celle-ci : Hradec Kralové.
Je n’ai pas hésité, c’est ainsi que ma courte (en raison de l’épidémie du Coronavirus) aventure a commencé.
A : Comment s’est passé « l’avant-départ » : le recherche de logement, les démarches administratives, la préparation ?
H : J’ai eu la chance que mon école prenne pas mal de choses en charge. Ils nous envoyaient des mails pour nous demander les papiers nécessaires. Pour la bourse Erasmus, notamment, qui demande beaucoup de papiers. Ensuite l’école nous a mis en relation avec la coordinatrice du pays hôte qui a pris le relais et nous communiquait les informations nécessaires.
Mon université hôte nous proposait des chambres étudiantes (plusieurs dans la même chambre). C’était ma première expérience de vie à l’étranger et je ne voulais absolument pas de ce genre de logements même si j’ai regretté par la suite car presque tous les étudiants y étaient et c’était là qu’étaient organisé toutes les petites soirées. J’ai alors demandé à ma coordinatrice (très à l’écoute des étudiants étrangers) s’il n’y avait pas des sites de locations pour étudiants. Elle m’a donné plusieurs sites, les logements étants beaucoup moins chers qu’en France, je me suis permise de prendre une grande chambre en colocation dans le centre de la (petite) ville.
A : Quelles attentes avais-tu, avant ton départ, de ton Erasmus ou bien même de la République tchèque ?
H : Je n’avais pas d’attentes particulières, j’avais surtout très peur ! Je partais toute seule pour un minimum de 5 mois ! La peur de ne pas m’intégrer, la peur de la distance avec mon copain qui était dans le pays « d’à côté », la peur d’avoir de gros emplois du temps et de ne pouvoir rien faire à part galérer et la peur de ne pas valider mon semestre. Oui, on peut dire que j’étais un peu anxieuse aha.
Concernant le pays en lui-même, je savais que c’était un beau pays, je voulais avoir « l’expérience Erasmus » comme on en entend parler et je m’attendais à bien progresser en anglais, seule française dans une coloc, je parlerai forcement tout le temps anglais, et à voyager !
A : Est-ce que cela s’est passé comme tu l’avais imaginé ?
H : Mes peurs se sont vite dissipées lorsque j’ai vu mon emploi du temps : avec 3 jours de cours par semaine, cela me laissait pas mal de temps libre (et oui un weekend qui débutait le mercredi !!). Je n’avais alors qu’une hâte : voyager !
Dans ma coloc, je parlais exclusivement anglais, très épuisant au début, on s’y fait et on s’améliore plus rapidement que ce que l’on pense ! Il m’arrivait quand même de craquer et de sortir des mots français accompagnés d’imitations dans l’espoir que ceux-ci me comprennent. Côté voyages, je me suis vite rapprochée de personnes qui avaient autant envie que moi de partir un petit peu partout. Avec ce groupe nous avons pas mal bougé en peu de temps : nouvelle destination toutes les semaines, j’avais hâte !
A : Comment s’est passée ton arrivée ? Est-ce que tu as facilement réussie à t’intégrer ; que ce soit à la fac ou en dehors ?
H : Je suis arrivée en grosse touriste ! Je n’avais jamais pris l’avion (enfin trop petite pour m’en rappeler). Je demandais donc mon chemin à toutes les hôtesses que je croisais.
J’avais 3 bagages et j’en avais aussi pas mal sur moi (écharpe, bonnet, lunettes de soleil) tant qu’a faire pour 6 mois autant de ne pas perdre d’espace ! Ensuite il a fallu prendre les trains tchèques. Pas chers oui. Mais pas très bien indiqués pour les étrangers ce qui fait que je suis montée dans un train sans être sûre que ce soit le bon (avec mon accoutrement, vous imaginez la galère). Je suis entrée dans ces trains à compartiments avec une dame qui a eu la gentillesse de m’indiquer quand m’arrêter. Sans elle j’aurais sûrement atterri dans une commune perdue de République tchèque au beau milieu de la nuit.
A : Peux-tu nous parler de la différence culturelle entre la France et la République-Tchèques ?
H : Je n’ai pas eu le temps de côtoyer beaucoup de locaux, nous étions beaucoup entre étrangers. Certes ils ont le goût de la fête mais pas autant que les latinos aha ! Les français sont adulés. Tant par les profs qui les voient tous comme d’excellents élèves (plus particulièrement comme des matheux) que par les étudiants qui demandent à échanger quelques mots en français avec nous.
J’ai remarqué que peu de personnes parlaient bien anglais (mise à part les jeunes). Ce qui est dommage car leur langue est assez difficile à apprendre. Donc l’anglais était le seul moyen que nous avions pour communiquer avec eux. Ils n’ont pas énormément de « spécialités ». Mais ils sont très fiers de celles-ci. Combien de fois ai-je entendu mon prof d’éco nous vanter le succès de leur Skoda nationale… Avec la crise du Covid j’ai été surprise de voir comment les tchèques étaient assidus et précautionneux. Le port du masque a été quasi instantané et tout le monde veillait à bien le respecter. Ce qui m’a un peu bouleversée en rentrant en France en voyant le décalage qu’il y avait.
A : Qu’as-tu le plus aimé au niveau de la nourriture et de la vie culturelle (endroits à visiter, choses à faire, etc) ?
H : Pendant ce mois et demi, je me suis vraiment amusée ! Je ne m’attendais pas à autant bouger. Nous marchions toute la journée et le soir rentrions en train jusque chez nous. Les villes sont magnifiques. Ce ne sont pas les grandes capitales avec des immeubles partout, les bâtiments sont anciens et beaux, l’histoire y est conservée. Pour moi, la ville de Prague est la plus belle ville que j’ai visité. Même si Paris est grandiose, Prague est plus petite. C’est donc un condensé de monuments pour nos yeux, lorsque l’on traverse le Pont Saint Charles par exemple.
Si on a les bonnes adresses on peut aussi manger des plats traditionnels délicieux pour pas cher du tout ! Je me souviens être allée dans une taverne. C’était très rustique (on s’asseyait sur des peaux de bêtes et on était éclairés à la bougie) mais c’était si bon, on a cru voyager dans le temps ! Prendre le train et aller dans les pays limitrophes est aussi une chose incontournable. Le pays est petit et il y a tant de belles villes à découvrir aux alentours !
A : As-tu une anecdote à nous raconter ?
H : Vu le peu de temps que j’y ai passé (1 mois ½), je n’ai pas énormément d’anecdotes. Nous voyagions beaucoup et avions beaucoup de temps libre. J’en ai profité pour rendre visite à mon copain en Lituanie sans qu’il ne le sache. J’avais loupé quelques cours mais je voulais revenir pour mon cours de maths qui était le mardi, le 10 mars. Je me souviens très bien de ce jour. C’est à ce fameux cours de maths qu’on nous a annoncé (d’une manière très dramatique) au micro de toutes les classes qu’il fallait « stopper immédiatement le cours que nous étions en train de faire et de retourner chez nous et ne pas revenir à la fac avant qu’on en est l’autorisation ».
Sur le coup j’étais dégoutée. J’avais loupé une semaine de cours, je revenais pour celui-ci et on m’annonce que finalement je n’ai désormais plus cours. Il n’y avait que 60 cas de covid-19 dans le pays mais ils commençaient déjà à tout fermer. À ce moment là la France ne faisait rien. Je voulais retourner en Lituanie, me confiner avec mon copain le temps que ça se passe.
Nous avons profité jusqu’au dernier moment de visiter le pays en train. Jusqu’à ce que tout commence à se fermer petit à petit. Nous ne pouvions à la fin sortir plus que pour aller chercher à manger (1 personne par foyer). La veille de la fermeture des gares et des services ferroviaires, je suis allée une dernière fois visiter Prague seule (même si les visites étaient interdites, je voulais voir une dernière fois la ville avant de partir). J’ai ensuite pris mon avion et je suis rentrée à la maison, en France.
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